12 janv. 2011

Fraise, Pistache, Chantilly

Je suis tranquillement dans la file d’attente d’une remontée mécanique et alors que je rêvasse en prenant le soleil, une petite voix s’élève derrière moi. Une fillette haute comme trois pommes dit à sa maman en me montrant du doigt: « moi, j’aime bien le monsieur devant parce qu’on dirait une glace 2 boules. Ben oui, fraise, pistache, chantilly, c’est ma glace préférée ! ».

Vive les couleurs ! Et vive la glace fraise-pistache-chantilly !


10 janv. 2011

Guirlandes de fêtes


Une longue ligne horizontale de points lumineux avance dans l’obscurité. Des petites lumières blanches toutes semblables, qui apparaissent et disparaissent dans la nuit noire.
C’est le train que j’aperçois au fond de la vallée et qui arrive en gare avec des amis : une guirlande ferroviaire et joyeuse.

Des ampoules rouges, vertes, jaunes, roses, oranges et bleues s’éteignent et se rallument, et clignotent à différentes fréquences, sans fin.
C’est la décoration de la maison des voisins qui éclaire la nôtre  toutes lumières éteintes : une guirlande électrique et hystérique.

Un blouson rouge, un pantalon vert, un bonnet blanc, un pull jaune, un fuseau noir, un bonnet bleu, et une veste orange, un pantalon bleu, un autre bonnet blanc, puis du rose, du vert clair, du jaune encore, du gris, un anorak argent, une doudoune multicolore…etc.  Le tout en rang serré qui avance lentement puis se balance en grappes suspendues.
Ce sont les remontées mécaniques dans une station de sports d’hiver : des guirlandes humaines et refroidies.

Des étoffes violettes et brillantes en filaments tressés, de longs agencements de papier or lumineux en petites bandelettes, des serpentins soyeux de toile bleue étincelante, s’accrochent, montent, descendent et habillent les branches épineuses d’un arbre résineux.
C’est le sapin de Noël et ses décorations : des guirlandes traditionnelles et étincelantes.

Des dossards jaunes surplombés de casques rouges forment une sorte de long serpent qui descend sur la piste blanche, suivi plus loin d’un autre en vert et gris plus lent.
Ce sont les cours de ski qui descendent à la queue leu leu : des guirlandes infantiles et excitées.

Un agencement de feux rouges, de clignotant oranges et de phares blancs et jaunes se suivent, se déplacent, et forment des courbes à perte de vue devant moi jusqu’à l’horizon.
C’est l’autoroute la nuit et ses files de véhicules un jour d’affluence : des guirlandes mobiles et pressées.

Et puis à nouveau, apparaissant et disparaissant dans la nuit noire, des petites lumières blanches. Une longue ligne horizontale de points lumineux avance dans l’obscurité.
C’est le train que j’aperçois au fond de la vallée et qui quitte la gare avec des amis : une guirlande un peu triste.


6 déc. 2010

Banlieue de Bagdad


Il est des instants étranges dans la vie où une musique, un son, un parfum, ou une image entre en résonance avec  une situation et font vibrer les sens. Pour peu que l’on y prête attention bien sûr, ces instants ont quelque chose de magique.

Vol EK 075 entre Dubaï et Paris. L’hôtesse m’offre un café après un repas copieux. Le voyage commence à être long et pour tromper l’ennui, je décide d’explorer les multiples options qu’offre la console multimédia de mon siège. Je découvre qu’en plus des films et classiques musicaux, il est possible d’écouter des albums récemment sortis. Je lance donc « The suburbs » de Arcade fire.
J’en ai entendu parler avant de partir sans pouvoir l’écouter. Fan de leur premier disque Funeral, j’étais un peu resté sur ma faim avec Neon bible. Mais là, je tombe sous le charme dès les premières notes de ce troisième opus. L’orchestration est magnifique, les mélodies chatoyantes, et l’une après l’autre les chansons me séduisent. C’est plein d’énergie et j’en oublie presque le voyage.

Et puis arrive Suburban War.
Le gimmick de guitare fait  immédiatement mouche et je prends une claque. Je suis complètement sous le charme à mesure que les notes s’enchainent et, alors que je prends conscience de la situation dans laquelle je me trouve, l’émotion monte encore un peu plus pour un vrai frisson.  
L’écran en face de moi indique notre position sur une carte et je viens de m’apercevoir que nous sommes au dessus de Bagdad. Nous sommes à onze milles mètres du centre de la capitale irakienne. Me viennent en tête toutes ces images de guerre, de violence et de destruction qui déferlent sur nos écrans occidentaux, en même temps que j’écoute la chanson. Et les paroles tombent à pic.
La chanson parle de rues que l’on détruit et de souvenirs qui s’effacent, d’amis qui se perdent et se cherchent. Plus tard, les paroles parlent de musique qui sépare les gens en tribus, et de choisir son camp. Elles pourraient être des paroles venant de la ville elle-même. Suburban War, comme un écho de la ville, un trait d’union ironique entre deux tribus étrangères.
J’écoute plusieurs fois le morceau pour prolonger cette résonance et apprivoiser un sentiment très bizarre. Mélange étrange emprunt de crainte, de sérénité, et de gène. Je n’ai pas vraiment choisi d’être là, en tout cas pas cette trajectoire. Je suis pourtant dans la chanson, et à quelques kilomètres du centre, je suis dans la banlieue de Bagdad.


A propos des rêves...

Moral en berne ce matin. Le froid, le vent et la pluie ininterrompue depuis des jours commencent à imposer la grisaille jusque dans les esprits. Réveil difficile, douche, habillage, petit déjeuner lent avec le reflet de la scène comme seule lumière dans la baie vitrée… et le bruit de la pluie encore.
Départ. Je monte vite dans la voiture et glisse le CD qui s’est imposé à moi alors que j’avais décidé d’en prendre de nouveaux pour mes trajets. Alors que l'album se lance, je lis pour la première fois la phrase imprimée sur le verso de la jaquette : « … always keep in mind that life is a great thing, everything hard has its positive side, don’t be stuck in the everyday reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams.”
Je monte le son et souris. Quelle belle journée en fait.


22 nov. 2010

Quand Andy sourit à Kelly.


Retour dans le Sud-Ouest après quelques jours sous les tropiques. Le temps est vraiment automnal avec du vent, de la pluie et des températures fraîches. A l’arrière du taxi, je reprends contact avec un environnement qui m’est familier : l’aéroport de Biarritz, l’A63 direction Bordeaux, la sortie huit Benesse-Maresme, le parking du cabanon de l’office de tourisme et, les fameux quatre par trois qui symbolisent l’arrivée en terre surf.

Habituellement, le triptyque aligné sur l’axe principal d’arrivée à Capbreton est partagé entre les 3 grosses compagnies de surf que sont Quiksiver, Rip Curl et Billabong. En polychromie, on y découvre les affiches des principaux événements de la surf culture, les derniers produits à la mode ou les exploits des champions de l’une de ces trois compagnies. Mais là, non. Juste trois photos en noir et blanc.

Sur la première, un magnifique barrel que l’on devine landais, avec un surfer droit tout en maîtrise, qui se rééquilibre après un take-off vertical. La deuxième nous montre un énorme carve en haut d’une grosse droite, effectué sous les yeux du public d’une compétition au premier plan. Enfin, sur la troisième, un portait qui donne tout le sens de cette composition inhabituelle. C’est celui de Andy Irons souriant, avec une seule phrase en noir sur un fond clair : In Loving Memory of Andy Irons – 1978-2010. Trois photographies en hommage à celui qui vient de quitter ce monde quelques jours auparavant.


Le chemin qui conduit à mon appartement me fait passer devant un autre lieu de Capbreton, à savoir le shop ultra moderne de la major du surf Quiksilver.  Là aussi, quelque chose a changé.  La façade du magasin a été recouverte par une toile immense. C’est une composition en noir et blanc encore une fois, avec à droite le portrait de profil de Kelly Slater récemment couronné champion du monde pour la dixième fois, et à gauche un énorme KS10 en guise d’acronyme définitif ( ?). Soixante mètres carrés de plastique à la gloire du champion de la marque.
Deux lieux, deux modes de représentations, pour deux événements majeurs de la scène surf. L’un magique, lumineux, le dixième titre mondial de Kelly Slater à l’issue de l’étape WCT de Porto Rico. L’autre tragique, obscur, la mort du triple champion du monde Andy Irons dans une chambre d’hôtel du Texas.

Pour des compagnies où la communication et l’exploitation de l’image des champions est une activité primordiale, la concomitance de deux événements d’une telle dimension est un véritable cas d’école pour ce qui est des réactions à envisager. Et, pour le monde surf dans son ensemble il y a un mélange de sentiments plus ou moins forts mais sans aucun doute antagonistes et par là même, difficiles à concilier. En effet, comment célébrer décemment la victoire de l’un, se réjouir de ce fabuleux titre alors que dans le même temps la perte de cet immense athlète attriste une même communauté ? Est-ce que la fête n’est pas gâchée en somme ?

Alors, je ne sais pas si cela a été fait volontairement, mais je ne peux  m’empêcher de voir dans cet agencement local une remarquable mise en scène. Le noir et blanc auront été volontairement choisis pour souligner l’importance et la solennité des deux événements. La position des affiches et l’agencement des portraits sont par contre bien plus vraisemblablement le fait d’un hasard que je trouve « heureux ».

Au milieu de la nature qui est notre terrain de jeu, la première place, celle que l’on remarque immédiatement en arrivant sur nos spots du sud landais, a été laissée à l’hommage au défunt. Le triptyque est entièrement dédié à la mémoire d’un de ces surfeurs qui nous aura tant fait rêver. La concurrence entre les marques et les marques elles-mêmes se sont effacées (ou presque) comme pour nous rappeler que c’est bien l’homme, son action, et au delà sa vie qui priment sur le reste et en particulier sur l’industrie du surf-spectacle.

La représentation de la victoire de Kelly est plus loin, en ville, avec tout ce qu’elle a d’artificielle : les éclairages, les vitrines, le marketing. La police des caractères est travaillée et imposante, la marque et les logos bien présents. Pas de représentation du surf, mais juste le visage d’un homme, les faits : Kelly Slater 10 fois champion du monde, la marque.

Chacun est à sa place en quelque sorte. Le souvenir d’Andy en pleine nature, dans son élément. La victoire de Kelly sur la devanture d’un supermarché du surf. Il y a même de la distance entre les compositions comme pour figurer une forme de pudeur ou de gène.
Et puis, il y a l’importance des portraits et la singulière direction des regards de Andy et de Kelly.

Deux portraits en grand, imposants, pour deux visages d’homme. Sur le portrait du disparu, on voit Andy en plan rapproché regardant vers la droite et légèrement vers le haut, un sourire aux lèvres. Il a l’air satisfait, content, peut être heureux. Kelly quant à lui, regarde vers la gauche, fixement. Il a un air concentré, grave. Je me prends à voir deux regards qui se croisent. On pourrait alors presque y voir une sorte de posture admirative chez Andy, posture empreinte d’une pointe de malice, en rebelle qu’il a toujours été. Chez Kelly, ce serait alors une posture de réflexion, peut être de recueillement. Les postures auraient été d’autant plus probables que la relation entre les deux hommes était a priori empruntent d’un profond respect. Cela aurait pu être une jolie photo : le maître et ses dix victoires face à celui que l’on a présenté comme un des rares à pouvoir lui barrer la route, fort de Trois victoires consécutives, deux grands hommes se regardant.



Alors non, la fête n’est pas gâchée. Je me dis que la fête n’est pas gâchée car au-delà des représentations, et de la communication faite autour de ces deux événements, la mort de Andy vient nous rappeler une chose essentielle : nous, comme ces icônes, sommes mortels. Et en ce sens, la conscience de la mort, moteur de nos passions, vient grandir la victoire de Kelly.
Quand Andy sourit à Kelly, c’est en effet un homme qui sourit à un autre homme. La victoire de Kelly n’en est alors que plus belle car ce n’est plus la victoire d’un héros sur papier glacé, ni d’un extra-terrestre, et encore moins d’un dieu, mais c’est la victoire d’un homme.

PS : je dédie ce texte à ce membre de notre communauté que je ne connaissais pas mais qui disparaissant à l’âge d’un frère, me fait me souvenir la douleur et la tristesse de la perte d’un ami.

21 nov. 2010

A propos des rêves...

A dream you dream alone is only a dream, but a dream we dream together is reality.
Yoko Ono.

La citation du jour, trouvée au hasard de la découverte d'un nouveau livre. Citation d'autant plus intéressante qu'elle constitue une jolie mise en abîme pour un dimanche gris et humide de tempête et, de solitude.

6 nov. 2010

I love my boardshort

On a beau habiter Dreamland, l'envie de bouger, d'aller voir ailleurs est quelquefois trop forte. La difficulte est alors de trouver un endroit qui soit a la hauteur de Dreamland.
Apres reflexion, je me dis que c'est en fait tres facile. Choisir un plage avec des vagues, ajouter des cocotiers, et du sable blanc. Mais surtout, monter le thermostat a 28 degres et chauffer l'eau a 28 aussi pour eviter les chocs thermiques. Voila c'est pret!
Le surf est definitivement un truc a faire en short. La vente de combinaisons est un truc commercial mais n'a rien a voir avec le surf.

PS: desole pour les accents mais je me bats avec un clavier anglais au sud du sud d'une ile de l'ocean Indien.